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 La longue histoire de Madness

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ChinaCrisis
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ChinaCrisis

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MessageSujet: La longue histoire de Madness   La longue histoire de Madness I_icon_minitimeMar 15 Oct 2013, 13:14

Je vous propose de revisiter le cas Madness, probablement l'un des groupes que j'estime le plus, pour de nombreuses raisons. Parce qu'ils ont toujours su chanter l'Angleterre avec humour, parce qu'ils ont su gérer le succès avec beaucoup de modestie et d'intelligence et parce qu'ils valent beaucoup mieux que deux-trois tubes sur des compils.

À mes yeux, Madness est aux années 80 ce que les Kinks furent aux années 60.

Bien. Tout commence dans les années 1976-1977, avec trois garçons issus de la classe ouvrière, Mike Barson (claviers), Lee Thompson (saxo) et Chris Foreman (guitare).

Ils montent un groupe, comme beaucoup, inspirés par le punk et le D.I.Y. On pique des vinyles de Fats Domino chez les disquaires, on essaie de les rejouer, entre deux petits boulots.

Toutefois, ce qui aurait pu rester une activité entre potes, va devenir presque par accident le groupe anglais qui aura vendu le plus de disques dans les années 80...

Mike Barson est ambitieux, il veut que son groupe aille loin. Et il y parviendra. Les débuts sont assez brouillons, le nom du groupe change souvent : les Invaders, Morris & the Minors (du nom de leur fourgonnette, une Morris Minor).

La formation est brouillonne, elle aussi, complexe, certains membres partent et reviennent, au gré des colères et de l'exigence de Barson. Vers 1978-1979, elle se stabilise avec trois nouveaux membres, beaucoup plus jeunes : Graham McPherson au micro, alias Suggs. Daniel Woodgate à la batterie, et Mark Bedford à la basse. Madness vient de naître.

Un septième membre gravitera autour, sans rôle particulier : Cathal Smyth, alias Chas Smash. Il jouera les roadies, les toasters (à l'instar de Neville Staple chez les Specials), s'occupera de danser et de mettre l'ambiance.

Par chance, en 1979, le revival ska est sur le point d'exploser, avec le lancement du label 2-Tone géré par Jerry Dammers et son fameux groupe, les Specials. Un label qui sera une véritable usine à tubes pendant quelque temps : Bad Manners, les Selecter, Madness, les Beat... (je vous laisse le choix de faire de nombreux jeux de mots, on appellera ça un concours de Beat).

C'est donc au début du mois de septembre 1979 que Madness débarque avec son premier single en hommage à Prince Buster, et logiquement appelé The prince. Succès rapide et inattendu, se classant en 16e position, et déjà, une performance incroyable sur le plateau de Top of the Pops, tendance music-hall, contrastant déjà avec l'apparente froideur des Specials.

Madness va tenter son premier coup de poker : quitter 2-Tone juste après ce premier single, pour ne pas se voir enfermé dans une case. Coup de poker réussi, ils signeront chez Stiff Records, gagnant ainsi une liberté quasi-totale pour la suite.

Le single suivant sera un autre coup de poker, cette fois orchesté par le patron de Stiff. One step beyond ne devait être qu'une courte introduction au futur album, en première piste. Elle deviendra leur single le plus connu, se classant en 7e position en novembre 1979, avec Chas Smash au micro.

Le même mois verra la sortie du premier album, également intitulé One step beyond, un triomphe, puisqu'il se classera à la 2e position et restera dans les charts pendant presque deux ans !

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Les critiques sont partagées. On préfère largement la noirceur des Beat (...) ou des Specials, plutôt que les clowneries de Madness et de Bad Manners.

Toutefois, voici une autre facette du ska : festif, rigolo et dénonçant gentiment les travers de la société britannique et de ses habitants. On remarquera aussi que Madness ne comporte que six membres sur la pochette, Chas Smash n'étant toujours pas reconnu comme un membre officiel.

L'album comporte aussi l'un des rares morceaux chantés par Lee Thompson (Razor blade alley). Outre le ska, on retrouve quelques compos jazzy et même une reprise "barsonifiée" du Lac des Cygnes, de Tchaikovski.

En guise d'extrait, je vous propose Land of hope and glory, un morceau drôle sur un sujet qui ne l'est pas : les années de Thompson en maison de redressement.



Janvier 1980, troisième single avec My girl, qui se classera en 3e position. Morceau initialement chanté par Mike Barson dans les démos, mais ce dernier réalisera rapidement qu'il était meilleur pianiste que chanteur... Pour l'anecdote, le titre sera repris et adapté avec le même succès quelques années plus tard par Tracey Ullman : My guy.

Avril 1980, premier conflit entre Stiff et Madness. La maison de disques souhaite un quatrième single, Madness refuse. Un compromis est trouvé : le single sortira sous la forme d'un EP avec Night boat to Cairo en porte-drapeau, pour se classer en 6e position.

Bien que ce morceau soit issu du premier album, l'EP comporte de nouveaux titres, parmi lesquels Don't quote me on that, interprété par Chas Smash, réponse à la presse britannique concernant des propos maladroits sur le National Front (courant politique d'extrême-droite). Ils avaient déclaré que cela leur était égal de voir des fachos à leurs concerts, partant du principe qu'ils étaient de toute façon complètement ignorants. Une erreur de jeunesse...

C'est aussi à ce moment-là que Chas Smash devient officiellement le septième membre du groupe, apparaissant sur les pochettes. À une condition : il devra apprendre un instrument. Ce sera la trompette, complétant ainsi une section cuivres avec le saxo de Thompson.

Septembre 1980, Madness revient avec un tube irrésistible, Baggy trousers, classé 3e, l'un de leurs singles les plus vendus.

Un morceau que Suggs avait déclaré vouloir être l'anti-thèse du Another brick in the wall des Pink Floyd. Plutôt que de brosser un portrait sombre de l'école comme nos hippies progressifs, Madness préfère montrer cette période sous un éclairage heureux et nostalgique.

Le deuxième album, Absolutely, sortira en octobre 1980, classé 2e. Toujours dans la mouvance ska, mais plus complet, plus réussi, en bref : une évolution timide mais heureuse.

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Le titre provient d'un article très élogieux les concernant.

Toutefois, les critiques restent encore une fois perplexes, le deuxième album des Specials vient de sortir et de nouveau, Madness devra conserver son rôle d'outsider.

En guise d'extrait, je vous propose On the beat, Pete, l'histoire d'un policier un peu trop zélé...



Novembre 1980, Madness sort l'un de ses singles les plus poignants, un single façon Specials, Embarrassment, classé 3e.

L'histoire vraie de la sœur de Thompson, enceinte d'un enfant noir, refusé (puis accepté) par sa famille...

Janvier 1981, autre coup de poker de Madness, avec le single The return of the Los Palmas Seven, morceau instrumental de deux minutes, tendance muzak, encore une fois dans la veine du deuxième album des Specials... classé 7e, place assez incroyable pour un morceau sans paroles digne d'une musique d'ascenseur !

Avril 1981, Madness se la joue Beatles avec leur unique film, Take it or leave it. Un bide au box-office, mais un film excellent sur les débuts du groupe, depuis 1976 jusqu'à l'enregistrement du premier single. À revoir de toute urgence !

Pour accompagner la sortie du film, un nouveau single poignant et réussi, Grey day, classé 4e. La face sombre de Madness commence à se dessiner.

Septembre 1981. La bulle du ska vient d'exploser. Les Specials se séparent après l'un des singles les plus réussis de tous les temps, Ghost town. Sur les cendres, se formeront les Fun Boy Three, plus pop, avec Terry Hall, Lynval Golding et Neville Staple. Les Selecter aussi se sont séparés, plus tôt dans l'année. Bad Manners perd du terrain. Les Beat ont déçu du monde avec leur pourtant pas mal Wha'ppen ?.

Mais Madness est toujours là, avec un nouveau single, Shut up, classé 7e. Le chiffre 7 leur colle décidément à la peau !

Justement, ce sera le titre du troisième album, sorti en octobre et classé 5e : 7.

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L'album de la maturité, les critiques adorent, et Madness commence à quitter le terrain du ska pour s'aventurer vers celui de la brit-pop. Un album aussi plus sombre, avec des textes parfois très drôles, parfois très durs.

En guise d'extrait, je vous propose cette fois de revoir le clip de Grey day.



L'année se termine en décembre 1981 avec la sortie de leur premier single hors-album, une reprise de Labi Siffre de 1971, It must be love. Fruit d'un autre pari avec Stiff : si le single n'atteignait pas le Top 5, Madness gagnait les clefs de Stiff Records. Pas de bol pour eux, le titre cartonnera en atteignant la 4e place.

Un petit bilan s'impose et une constatation doit être faite : Madness est désormais l'un des groupes les plus populaires et "bankables" de la pop britannique. L'heure est venue pour eux d'atteindre le sommet, mais vont-ils y parvenir ?

On pourrait en douter avec la sortie du troisième extrait de l'album en février 1982, Cardiac arrest. Chanson rigolote et réussie, là encore sur un sujet casse-gueule : l'histoire d'un mec terrassé par une crise cardiaque, suite à une vie trop stressante...

La BBC et les radios n'apprécient guère cet humour noir, le titre est boudé sur les ondes, et le titre s'arrêtera sur la 14e marche du podium. C'est la première fois depuis 1979 qu'un single de Madness n'entre pas dans le Top 10.

Pour corriger le tir, le groupe sortira un nouveau titre hors-album en mai 1982, House of fun. Encore un morceau drôle et réussi narrant l'histoire du premier achat de préservatifs... plus important : ce sera le seul et unique single de Madness à se classer en 1ère position !!!

Une compilation sortie dans la foulée ré-éditera cet exploit.

Juillet 1982, Madness succombe un peu aux affres de la soupe commerciale, en sortant Driving in my car, un titre assez pataud, hors-album, très pouet-pouet, bref, c'est plutôt moyen, mais ça marche : 4e position.

C'était peut-être reculer pour mieux sauter : après six mois mi-figue mi-raisin, Madness s'apprête à entrer dans l'Histoire pour les six derniers mois de 1982.

Novembre 1982, Madness casse la baraque avec son single le plus connu : le touchant et nostalgique Our house, classé 5e, et dont le clip a dû marquer bien des esprits.

C'est aussi la sortie du quatrième album, The rise and fall. Comme les vrais grands albums, celui-ci divise : certains le considèrent comme leur chef d'œuvre, d'autres le trouveront ennuyeux. La vérité est sans doute entre les deux, voilà un album merveilleux, l'un de leurs meilleurs, mais c'est vrai : parfois, on regrette la magie et l'humour des débuts et on peut aussi être sceptique sur la production et les effets "beatlesques" de l'album.

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Notez que chaque membre du groupe représente chacun (dans sa pose et son déguisement) l'un des titres de l'album !

Madness est devenu mature, et même s'il subsiste quelques "sketchs", l'album est beaucoup plus sombre et presque triste : on évoque la guerre des Malouines, la petite criminalité, la misère quotidienne, le train-train quotidien déprimant...

Ceci expliquant peut-être le fait que l'album n'atteindra "que" la 10e position.

Février 1983, deuxième (et dernier) extrait de l'album avec Tomorrow's, single méconnu mais qui demeure, à mon sens, l'un de leurs morceaux les plus réussis, l'un de mes préférés, et très représentatif de l'album : mise en avant des textes et de l'interprétation tristoune de Suggs, tout en conservant un arrière-plan comique qui semble presque se moquer du personnage incarné.

Le titre se classera en 8e position, et je vous propose de revoir le clip.



La suite de l'année sera plus surprenante. En effet, l'Amérique s'apprête à subir sa deuxième invasion britannique. En juin 1965, 16 titres sur 40 dans le Billboard étaient des morceaux anglais. Merci aux Beatles, Rolling Stones, Who, Kinks...

En juillet 1983, nouvelle invasion et record battu : 18 titres sur 40. Merci aux Duran Duran, Culture Club, Police, Flock of Seagulls... mais aussi à Madness et (encore eux !) aux Kinks en plein come-back.

Madness passera donc quelques mois sur le sol américain.

En août 1983, sortie du single hors-album Wings of a dove. Un morceau assez maladroit, aux sonorités tropicales, tendance tube de l'été. Il le sera, puisque classé en 2e position, mais n'allons pas parler de réussite artistique pour autant. Pour leur défense, le single était caritatif, l'argent récolté servant à soutenir la cause des pandas lesbiennes sud-thaïlandaises pour le droit à la retraite à 60 ans. À moins que ce ne fut pour le désarmement nucléaire, je ne sais plus.

Mais comme souvent avec Madness, un mauvais single cache en général la sortie d'un autre en or massif. Ce sera de nouveau le cas en novembre 1983 avec The sun and the rain,sublime chanson pop, parfait équilibre entre le rire et les larmes, et qui se révèlera être le cadeau d'adieu de Mike Barson.

En effet, tremblement de terre : Mike Barson, le compositeur principal, le musicien de génie, le magicien, celui qui aura amené Madness au sommet, décide de quitter le groupe. Usé par un rythme de vie infernal, des tournées à répétition, la pression des ventes de disques, et à une célébrité qu'il n'aura décidément jamais su gérer.

Toutefois, le groupe est en plein écriture du nouvel album et, bon prince, Barson décidera de repousser son départ... mais il donnera son dernier concert au mois de décembre.

Encore une fois, il est amusant de noter la coïncidence suivante : Madness survit tant bien que mal, tandis que ses compatriotes disparaissent. Bad Manners n'est plus que l'ombre de lui-même, les Beat se séparent, les Fun Boy Three également, tandis que les Specials sortent douloureusement de leur longue agonie pour préparer un troisième album mi-figue mi-raisin, avec seulement deux membres originels : Jerry Dammers et John Bradbury.

Février 1984, Madness va surprendre avec son nouveau single : Michael Caine, classé en 11e position. Un morceau très bien foutu, applaudi par les critiques, avec un clip poignant, et des textes ciselés. Chas Smash prend le micro et les devants, il tentera avec plus ou moins de réussite de remplacer Mike Barson dans son rôle de compositeur.

Un mois plus tard, en mars 1984, le cinquième album est dans les bacs. Keep moving, c'est son nom, se classera en 6e position et soulagement pour les fans : Barson est toujours sur la pochette et dans les crédits ! Mais officieusement, il est déjà installé aux Pays-Bas avec sa compagne, retiré des affaires.

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Que dire de ce nouvel opus ? Oui, clairement, il n'aura pas su faire mieux que son prédécesseur sur le plan artistique. Oui, également, cet album n'est pas parfait, certains morceaux sont moyens. Toutefois, je le considère comme leur album à redécouvrir d'urgence, injustement oublié et sous-estimé, même par le groupe.

Je trouve, et j'insiste, que Madness n'aura jamais été aussi touchant et agréable à écouter que dans cette période de souffrance et de désillusion. C'est l'album du clown triste, on ne rit plus, on a les boules, mais chaque chanson est un vrai petit bijou en soi. Bref, à titre personnel, cet album figure dans mon Top 5 de tous les temps, et il n'en sortira sans doute jamais.

Rien que la pochette et son titre parviennent à taper dans le mille : "keep moving", continuer à avancer, coûte que coûte, malgré les obstacles et les embûches.

Il est donc très difficile pour moi d'en choisir un extrait, j'hésiterai entre Samantha et Michael Caine, pour finalement choisir mon morceau préféré de Madness, que je trouve extra malgré ses défauts : Time for tea.



Je crois que si je ne devais garder qu'un titre de Madness, ce serait celui-ci. Et ne me demandez pas pourquoi, je n'en sais rien !

Juin 1984, nouveau coup dur pour Madness, et je dirais même : un coup de p*te.

Le groupe avait choisi Victoria Garden's comme prochain single, un morceau mélancolique mais teinté d'espoir, à nouveau interprété par Chas Smash, avec la présence de Dave Wakeling et Ranking Roger (ex-Beat) qui chantent le refrain. Le choix est validé, même la pochette est réalisée.

Toutefois, à la dernière minute et sans avertir le groupe, Stiff le remplace par un autre morceau, plus poignant, mais moins commercial : One better day. Le groupe est ulcéré, la pochette n'est même pas changé (ce qui explique que la photo n'ait aucun rapport avec le titre), et même si Barson viendra les soutenir en apparaissant dans le clip, le mal est fait, le single se vendra mal pour du Madness : 17e place. Leur plus mauvais score jusqu'à présent.

Ainsi, le divorce Stiff & Madness est consommé. Le groupe claque la porte et fondera son propre label, Zarjazz.

Comme la quasi-totalité des groupes de l'époque, la fin de l'année 1984 sera marqué par l'amertume et la senteur du pin des Vosges... la fête est finie !

Il faudra attendre le mois d'août 1985 pour voir ressurgir un Madness fatigué et exsangue, comme l'état de la pop anglaise au même moment, qui ne demanderait qu'à être abrégée de ses souffrances.

Yesterday's men est un titre jazzy dans la mouvance des Sade ou Matt Bianco, c'est à dire agréable mais un peu poisseux. Nouveau classement en demi-teinte : 18e position.

En octobre 1985, Madness présentera le fruit de son travail de reconstruction avec l'album Mad not mad. Encore une fois, il est à l'image de la pop anglaise de l'époque : épuisé, maladroit, raté. Ceci dit, et je dis ça sans ironie, la pochette singeant les Beatles est une de leurs plus réussies, je trouve !

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C'était également sans compter sur le soutien désormais indéfectible de la presse anglaise. Le N.M.E. est devenu un de leurs plus grands soutiens depuis quelques années, et leur feront ce léger cadeau, en titrant en grosses lettres : Mad not bad, déclarant illico l'album comme l'un des 100 plus grands de tous les temps.

Un lot de consolation, ça a dû leur faire plaisir, mais il est évident que l'album n'est pas bon du tout... Le même mois sortira un single à tendance pouet-pouet, voulant renouer avec les blagues potaches des grands jours : Uncle Sam, classé 21e. Pas mémorable, comme morceau...

Mais, pour la énième fois, Madness, c'est un peu comme le méchant dans les films d'horreur. Non seulement ça veut pas mourir, mais en plus de cela, il revient toujours plus fort.

En février 1986, la pop anglaise est sous perfusion, c'est Beyrouth, c'est Stalingrad, c'est la débandade la plus totale. Madness s'osera de nouveau à reprendre une chanson, cette fois plus pointue et plus contemporaine, le Sweetest girl que Scritti Politti avait pondu en 1981. Toujours jazzy, mais plus réussie, une très belle reprise, mais un petit flop, puisque le titre ne dépassera pas la 35e marche du podium.

Madness se prépare alors à ressortir un ultime album... mais ce dernier ne verra jamais le jour. Le cœur n'y est plus, les tensions montent, jusqu'à l'impensable : Woodgate et Bedford sont priés de quitter le groupe sur le champ.

Rapidement, le groupe réalise sa bêtise et décide une séparation à l'amiable, avec un ultime single. Nous sommes en novembre 1986, Madness nous offre son Ghost train qui, non seulement, est un beau cadeau d'adieu, mais ferait aussi office de marche funèbre pour l'empire de la pop britannique, désormais mort et enterré.

Single très réussi, drôle et mélancolique à la fois, et qui donnera lieu à une poignante performance d'adieu chez Top of the Pops, où le groupe quittera la scène au bord des larmes. Le single se classera en 18e position, et je vous propose de le ré-écouter.



Voilà, la longue et belle histoire de Madness vient de s'achever.

...ou presque. La suite sera beaucoup plus rapide et simple à raconter.

À peine séparés, Madness se reforme en petit comité en 1988. Il n'y aura plus que Suggs, Chas Smash, Foreman et Thompson, mais ce sera sous un autre nom : The Madness. Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple...

Toutefois, la tentative sera désastreuse. Album loupé, singles pas terribles, ventes très modestes...

1992, Madness se reforme pour de vrai, au complet, avec les sept membres, pour le concert Madstock qui sera un immense succès, leur permettant de constater que leur popularité est demeurée intacte. Le soir du concert, les services de secours furent inondés d'appels téléphoniques paniqués : il y a un tremblement de terre en ville !

Renseignements pris, effectivement, il y a véritablement eu un petit tremblement de terre. Devinez d'où il provenait ? Tout juste, du concert de Madness et des milliers de fanatiques qui sautaient et dansaient comme des foufous. Dingue, non ?

Un petit single hors-album pour consoler les fans, en novembre 1992 : The harder they come, classé 44e. Initialement chantée par Jimmy Cliff en 1972, et reprise à de nombreuses occasions (notamment Joe Jackson en 1980).

Mais pas de nouvel album en vue, jusqu'au Wonderful de novembre 1999, un album come-back plutôt correct, sans pour autant casser trois pattes à un canard (pour la bonne raison qu'il n'en possède que deux), classé en 17e position.

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L'album sera accompagné de trois singles : Love's truck en juillet 1999 (10e), Johnny the Horse en novembre 1999 (44e) et Drip fed Fred en mars 2000 (55e).

Je vous propose de ré-écouter ce dernier, en duo avec Ian Dury. Clip funéraire et hélas prémonitoire pour ce grand monsieur : le single sort le 11 mars, il mourra le 27...



Mais au fait, qui est ce fameux Freddie dont ils parlent ?

2005, Madness s'offre un projet parallèle sous le pseudo des Dangermen, pour un album de reprises plutôt maladroit et assez oubliable, même si la France a eu le loisir de goûter au succès de Shame & Scandal, martelé sur les ondes à l'époque.

N'est pas UB 40 (Labour of love) qui veut !

Petit single hors-album en mars 2007, étrangement intitulé Sorry (désolé, mais de quoi ?), classé 23e.

Véritable album du come-back, The liberty of Norton Folgate sort en mai 2009, pour se classer en 5e position. L'album que les fans attendaient, aussi réussi que les "anciens", l'un de leurs meilleurs : sombre, drôle, ciselé, bien foutu, aussi bon que les anciens.

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Toutefois, nouvelles obligations familiales et paternelles obligent, Madness se fait plus discret et il devient difficile d'aperçevoir les sept membres ensembles. Foreman a quitté le groupe quelques mois, mais c'est surtout Bedford qui semble vouloir prendre ses distances et n'apparaît qu'épisodiquement dans les albums ou les promotions.

Deux singles en seront extraits : NW5 en janvier 2008 (24e), un superbe titre que je vous propose de ré-écouter, et Dust devil en mai 2009 (64e... en même temps, plus personne n'achetait de singles à l'époque...).

Très joli titre, et hommage appuyé du clip à un fameux film, je vous laisse deviner lequel...



Un autre single sera disponible uniquement sur le Web : Sugar and spice, et un dernier "vrai" single qui fera un four complet : Forever young.

Depuis, Madness semble connaître une nouvelle jeunesse, avec la sortie de leur dernier album Si si, oui oui, ja ja, da da en novembre 2012 (10e). On attendait un chef d'œuvre, on est un peu déçu du résultat, mais on s'en fout, on les aime bien quand même !

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Plus la peine de sortir de singles vu l'état du marché du disque, mais My girl 2 peut désormais être entendue à la radio comme dans toute bonne grande surface qui se respecte. La boucle est bouclée.



Disponible uniquement en téléchargement, ce morceau sera suivi de deux autres singles téléchargeables : Never knew your name et How can I tell you ?.

Et voilà. Fin de cette très longue biographie du groupe (en même temps, ils ont passé les 30 ans de carrière, les petits Madness !).

En espérant avoir donné envie d'écouter ou ré-écouter les albums ou certains morceaux, et en espérant également ne pas avoir été trop chiant. Si certains se sont endormis en route, je leur présente mes plus plates excuses.

Edit:Sommairisé


Dernière édition par ChinaCrisis le Mar 15 Oct 2013, 15:26, édité 7 fois
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MessageSujet: Re: La longue histoire de Madness   La longue histoire de Madness I_icon_minitimeMar 15 Oct 2013, 14:19

Bien,bien ! La longue histoire de Madness 142178 

Ma modeste contribution,une petite interview récente sur France-Info de Suggs,à l'occasion de leur concert à l'Olympia.

http://www.franceinfo.fr/arts-spectacles/a-l-affiche/madnes-staying-alive-1140743-2013-09-12

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MessageSujet: Re: La longue histoire de Madness   La longue histoire de Madness I_icon_minitimeMar 15 Oct 2013, 14:26

Très bien même.

Long mais bien.
J'ai commencé mais j'y reviendrais. study 
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MessageSujet: Re: La longue histoire de Madness   La longue histoire de Madness I_icon_minitimeMar 15 Oct 2013, 15:33

Merci pour eux Exclamation Wink 
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MessageSujet: Re: La longue histoire de Madness   La longue histoire de Madness I_icon_minitimeMar 15 Oct 2013, 17:11

Ben ça c'est du topo ! Je lirai à l'occasion, sûr que je vais apprendre des choses vu que j'en suis resté au guilleret premier 33  sans oser aller one step beyond rabbit
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ChinaCrisis

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MessageSujet: Re: La longue histoire de Madness   La longue histoire de Madness I_icon_minitimeMar 15 Oct 2013, 17:29

Merci bien Wink 

J'espère qu'il te donnera envie de creuser un petit peu, Madness, ça vaut vraiment le coup, même s'il sera difficile d'aimer tous leurs albums.

Il y a une légende urbaine tenace qui dit qu'il est impossible d'aimer Madness ET les Specials, si l'on aime l'un, on ne peut pas aimer l'autre. Pour ma part, j'adore les deux ! Very Happy 

En tout cas, n'hésitez pas à me donner vos avis ou opinions sur le topic ou les albums/morceaux.

Au passage, pour ceux qui voudraient aller encore plus loin, je vous conseille la biographie de Madness sorti chez Camion Blanc, j'ai oublié le nom de l'auteur, mais elle est très complète.

Je la possède en deux langues, en anglais elle s'appelle House of fun et en français, ils ont changé le titre pour... One step beyond Rolling Eyes 
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yardbird
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MessageSujet: Re: La longue histoire de Madness   La longue histoire de Madness I_icon_minitimeMar 15 Oct 2013, 19:29

Superbe boulot China! Chapeau!

Je connaissais quelques morceaux mais la il n'y a plus qu'à se baisser rabbit 

J'ai usé Keep Moving et Michael Caine reste La Chanson de Madness pour moi. Un immense morceau I love you 
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ChinaCrisis

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MessageSujet: Re: La longue histoire de Madness   La longue histoire de Madness I_icon_minitimeMar 15 Oct 2013, 20:13

C'est gentil, mais ce qui me fait surtout plaisir, c'est de lire que tu as usé Keep moving et que tu as su apprécier Michael Caine, si tu as l'occasion d'écouter la version "12, elle est encore mieux !

Quitte à le rabâcher, je trouve cet album extraordinaire et ce single est une vraie réussite, chanson très poignante, même si elle a mal vieilli sur certains points.

Et je suis vraiment content d'avoir trouvé le vinyle, que je conserve jalousement. Seul regret, que l'album n'ait pas eu l'intelligence d'inclure The sun and the rain silent 

Puisqu'on en parle, un autre extrait, Samantha.



C'est un album très énigmatique. J'ai lu et relu les paroles mille fois, sans jamais totalement comprendre où ils voulaient en venir. D'ailleurs, le dos de la pochette comporte un quiz à choix multiples, dans lequel on nous demande pour chaque chanson de cocher ce qu'on a compris Laughing 

Évidemment, Madness n'a pas inclus les réponses, ça aurait été trop facile.

Bref, (ré)écoutez The rise and fall (1982) et Keep moving (1984) pour découvrir -selon moi- le meilleur de Madness Cool 
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MessageSujet: Re: La longue histoire de Madness   La longue histoire de Madness I_icon_minitimeMar 15 Oct 2013, 20:16

Il est vrai aussi que les derniers albums, enfin le dernier album s'apparente fort à ce que pouvaient faire les Kinks dans leurs instantanés de la middle class britonne.
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ChinaCrisis

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MessageSujet: Re: La longue histoire de Madness   La longue histoire de Madness I_icon_minitimeMar 15 Oct 2013, 20:29

Oui, tout comme Marc Almond (Soft Cell) m'a toujours fait penser à Jacques Brel, pour ce qui est de l'interprétation théâtrale et de vivre la chanson à 200 %. Pas pour rien qu'il lui a consacré un album de reprises ! Very Happy 

Pour ceux qui connaissent la très, très, très bonne émission anglaise Never mind the Buzzcocks, l'un des piliers de l'émission, Phil Jupitus, s'est occupé d'écrire le livret de l'album pour sa ré-édition en coffret collector, écrivant des pages et des pages élogieuses sur cet album.

Et si vous ne connaissez pas l'émission, filez la regarder sur YouTube, c'est tout bonnement à mourir de rire, si vous maîtrisez un peu la langue de Shakespeare. Suggs y a participé à plusieurs reprises.

C'est un quizz musical complètement barré où deux équipes s'affrontent, avec généralement un humour très très méchant et assez jubilatoire, émission qui dure depuis 1996 en Angleterre ! Very Happy 
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Dams

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MessageSujet: Re: La longue histoire de Madness   La longue histoire de Madness I_icon_minitimeMer 16 Oct 2013, 06:16

Très beau sujet, très agréable à lire :-)
J'ai appris plein de trucs, merci China !
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Johnny99

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MessageSujet: Re: La longue histoire de Madness   La longue histoire de Madness I_icon_minitimeMer 16 Oct 2013, 07:43

Bravo pour ton post !! Je vais lire ça tranquillement . Connais tu le livre paru chez Camion Blanc ? Intéressant ? Merci d'avance.
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yardbird
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MessageSujet: Re: La longue histoire de Madness   La longue histoire de Madness I_icon_minitimeMer 16 Oct 2013, 09:33

Et moi je vais aller mater Never Mind The Buzzcocks!

Rien que pour avoir cité les Buzzcocks, cette émission mérite toute mon attention Very Happy 
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ChinaCrisis

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MessageSujet: Re: La longue histoire de Madness   La longue histoire de Madness I_icon_minitimeMer 16 Oct 2013, 10:07

Encore merci Wink 

Oui, le livre chez Camion Blanc est pas mal du tout (One step beyond de John Reed), on y apprend beaucoup de choses, une biographie très complète.

Never Mind the Buzzcocks, je me permets un petit hors-sujet, voici un extrait très court (30 secondes) qui vous permettra de juger des défis complètement barrés que ce jeu propose.

Ici, vous devez compter le nombre de Moby dans la vidéo, attention, il y a des pièges Laughing 



En tout cas, je vous conseille également vivement de (re)voir Take it or leave it, le film de Madness sorti en 1981 Wink 
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ChinaCrisis

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MessageSujet: Re: La longue histoire de Madness   La longue histoire de Madness I_icon_minitimeMer 16 Oct 2013, 10:10

Pour les curieux, voici sans doute le titre le plus surprenant que Madness ait jamais sorti.

Une piste très dure à trouver, puisqu'elle n'apparaît uniquement que sur le "12 de Wings of a dove, en 1983.

Elle s'appelle One second's thoughtlessness, et c'est... de l'électro-pop minimale chantée par Lee Thompson ! Personnellement, j'adore ! Very Happy 

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michelr1000

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MessageSujet: Re: La longue histoire de Madness   La longue histoire de Madness I_icon_minitimeMer 16 Oct 2013, 10:45

Merci, beau travail !

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MessageSujet: Re: La longue histoire de Madness   La longue histoire de Madness I_icon_minitime

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