My name is Monk. Thelonious Monk

Ce type était fêlé. Et c'est communicatif. Je n'ai écouté quasiment que lui pendant deux ans. En solo, en quartet, j'en ai bouffé. Je dois avoir une quarantaine de ses albums, en studio, en live, plusieurs versions de ses interprétations. J'ai même poussé le vice jusqu'à aller fouiner dans les albums de reprise de ses compos : Steve Lacy en solo, le Kronos Quartet, Sphere, Dave Liebman, Paul Motian, Esbjorn Svensson Trio ...

Autant dire que c'est à peu près inépuisable et il est considéré comme un des plus grands compositeurs de standards.

Un des fondateurs du bebop, il s'est éloigné du mouvement pour forger son propre style, particulier, très percussif et mélodieux en même temps, jouant sur les silences et les dissonances, avec intégration du jeu stride des années 1920/1930

Dans les années 40, il côtoie Dizzy Gillespie, Bud Powell et Charlie Parker. Puis il enregistre avec Coleman Hawkins, puis avec Coltrane, Sonny Rollins, Art Blakey et Miles Davis, entre autres.

Il enregistre sous son nom à la fin des années 40, pour Blue Note. Il vient en Europe (et à Paris) dans les années 50 et il rencontre la baronne Pannonica de Koenigswarter, « Nica », membre de la branche anglaise de la famille Rothschild et mécène de plusieurs musiciens de jazz new-yorkais. Elle s'occupera de lui toute sa vie, il s'installera chez elle à New-York où il mourra.

Il faut dire qu'il n'a jamais eu beaucoup de succès de son vivant, même s'il était respecté dans le milieu.

La discographie est riche, belles pochettes en général, parfois loufoques.












Le film Straight No Chaser est obligatoire (dispo en dvd) !







La suite est dispo sur Ioutioube (7 autres vidéos).



Très bon petit livre de L. de Wilde :



Celui-ci, de son mécène et égérie (à Monk, pas à De Wilde), est bien aussi :



Note de l'éditeur : Née à Londres en 1913, dans la branche anglaise de la famille Rothschild, la baronne Pannonica de Koenigswarter - surnommée Nica - connut très tôt une passion sans limites pour le jazz. Elle fut l'amie intime et la confidente des plus grands jazzmen et leur vint en aide sans compter. On sait que, malade, refusant de se faire hospitaliser, Charlie Parker mourut chez elle, et Thelonious Monk y vécut les neuf dernières années de sa vie. Avec son Polaroïd, elle photographia, le plus souvent chez elle, la plupart des musiciens : Dizzy Gillespie, Count Basie, Louis Armstrong, Duke Ellington, Lionel Hampton, Bud Powell, Sun Ra, Miles Davis, Charlie Mingus, Sonny Rollins et tant d'autres. Entre 1961 et 1966, elle leur posa cette question ingénue : " Si on t'accordait trois vœux qui devaient se réaliser sur-le-champ, que souhaiterais-tu ? " projetant de réunir leurs réponses souvent spontanées dans un livre. Ce livre, resté inédit à ce jour, le voici, réalisé d'après la maquette originale de Pannonica. Trois cents musiciens répondent à la question. Duke Ellington : " Mes vœux sont simples ! je veux ce qu'il y a de mieux ! " Et Miles Davis : " Mon vœu ? Etre blanc ! " Le 9 décembre 1988, au Service commémoratif en l'honneur de la baronne Nica de Koenigswarter, à l'église Saint Peter's, Clint Eastwood déclara : " Je n'ai connu Nica que peu de temps, mais j'ai découvert une femme remarquable, et en tant que mécène du jazz, la baronne restera dans les mémoires comme quelqu'un dont la vie était indissociablement liée à cette musique et à ses plus grands interprètes. Elle m'a aidé dans la préparation du film Bird, et je serai toujours heureux d'avoir eu l'occasion de la connaître. C'était véritablement une grande dame. " Reconnaissants, les musiciens lui ont, par ailleurs, dédié une vingtaine de thèmes, notamment : Pannonica de Thelonious Monk, Nica, My dream of Nica de Sonny Clark, Blues for Nica de Kenny Drew, Thelonica de Tommy Flannagan...

J'ai eu la chance lorsque j'étais à Marciac à une visite guidée personnelle de l'expo "Jazz à Nantes" avec son créateur Jean Neveu.


Et nous avons parlé de Monk qui a séjourné quelques temps à Nantes chez lui.
Monk en grand schizo était capable de jouer pendant des heures la même note pour travailler le son ! On le sent bien dans sa manière de jouer : cette façon de tourner autour de la mélodie de manière très particulière.

On lui doit quand même un sacré paquet de standards incontournables
Mon préféré:

Monk fait partie avec Miles par exemple de ces quelques jazzmens qui ont une patte sonore tellement particulière que même un néophyte peut les identifier.


Le livre de Laurent de Wilde (très recommandable) décrit bien le phénomène : un type capable de jouer une note pendant des heures, ou capable de faire sonner mystérieusement n'importe quel piano crasseux et hors d'usage. Je pense qu'en plus de sa schyzo, il avait des capacités pour capter des sensations (ultrasensoriels), des nuances que personne ne pouvait percevoir (un peu à la manière des chats).

Le livre relate bien sa très difficile carrière. Comme beaucoup d'artistes (en musique comme dans les arts plastiques), son oeuvre n'a explosé aux oreilles du grand public qu'après sa mort. Ses confrères musiciens étaient pourtant élogieux sur son cas. Un grand homme largement en avance sur son temps, donc incompris.


Si ma mémoire est bonne, cet homme a formé non moins que Coltrane à l'harmonie. C'est dire le niveau.


Beaucoup d'artistes ont joué des albums tribute, comme paul motian, Kronos Quartet , Esbjörn Svensson Trio, TS Monk, Wynton Marsalis, Eric Löhrer, et d'autres que je n'ai plus en tête.

Un de mes morceaux préférés, assez représentatif (amha), c'est "Well, You Needn't".

Accord de C6 et dissonances sur le A, chromatismes sur le B, tout est là.

Je me souviens avoir vu un documentaire sur lui dans les 90's dans un cinéma Brestois de quartier assez pointu (devenu porno par la suite); c'était un film qui retraçait une tournée européenne. Très impressionant dès qu'il est sur scène et semblant paumé dans les halls d'aéroport. J'ai gardé cette image en tête; Monk qui tourne sur place au milieu de nulle part pendant un temps infini...

Round' Midnight reste un incontournable.

edit : Peut-être celui-là ?
Entre 1967 et 1968, les frères Michael et Christian Blackwood suivent et filment pendant six mois 'Thelonious Monk' pendant sa tournée européenne. Il en résulte une émission pour la télévision allemande d'une heure.

Jamais revu depuis...

Non, je pense que c'est Straight No Chaser le film de Charlotte Zwerin dont je parlais plus haut. Avec la petite danse dans l'aéroport.

Big excuse, j'ai lu en diagonale le début...

Bajito aussi vu qu'il recite ceux qui ont fait des tribute.

Bien la peine que je tapote du clavier.

J'espère que les images vous auront plu, au moins.

Ta verve dépasse mes quelques bouts de mots assemblés sans sens.

Mais j'y reviendru quand j'aurons du temps!!!
C'est tout ce que j'ai trouvé pour l'instant...

Moi,je suis fidèle ,en tout !

Une vraie bonne gueule. Et il a fait la une du Time. C'est pas rien.

Sinon,celle là aussi ,je l'aime bien :

Une liste de ses compositions ici.

Des morceaux que j'aime bien (pas forcément ces versions) :


Bemsha Swing


Crepuscule with Nellie

Repris superbement par Laurent de Wilde, avec Julien Lourau (sax), Darryl Hall (bass), Laurent Robin (drums) :




Ce morceau n'en finit pas de me vriller la tête.

superbe retrospective et bien documentée, merci bigus !

PerYoun a écrit:

Je me souviens avoir vu un documentaire sur lui dans les 90's dans un cinéma Brestois de quartier assez pointu (devenu porno par la suite)

J'ai UN album du Monsieur : Thelonious himself je vais réécouter ça attentivement.

Je ne connais quasi rien à son histoire. Ce n'est pas lui qui avait décidé de ne plus parler pendant moulte ?

Oh, Jé, c'est du vite fait.

Olive, si, un peu autiste le garçon.


Petite disco' prioritaire, amha :

Les deux volumes Genius of Modern Music (à peine accrocheur) :



Monk plays Ellington :



Brilliant Corners :




Et surtout les trois albums de la London Collection, ses derniers enregistrements, en 1971 :



Disponibles séparément. Rien à jeter.

Je suis très friand de ces listes "à écouter en priorité", elles fleurent le kdo de Noël...

j'ai regardé à nouveau le film-docu Straigh No Chaser. Excellent, vraiment. Mon seul reproche finalement est qu'il n'ait pas été construit avec des images plus vieilles, par exemple des années 50, avec Rollins, Coltrane et consort.

J'ai mis la discographie de Monk sur ma liste de Noël, avec les galettes manquantes de Mingus et Coltrane.

Une compo de Monk à la sauce funky :


Off Minor (Cedar Walton cover)

Parmi les relecteurs de Monk, Anthony Braxton, en quartet et en 1987 :


Six Monk's Compositions

Y a pas, ça déboîte.

tu nous gates !

Up avec un petit bijou de film N/B sorti je ne sais d'où. Le présentateur, les bonnes bouilles, les plans rapprochés, le look de Monk, tout est parfait. Sauf le son, mais on s'en fiche un peu, non ? Lo-fi power !


Blue Monk / 1958

Epistrophy !

Epistrophy, joué par Mal Waldron et Geri Allen. Vicenza 05-22-2002