Album génial pour certains,album surestimé voir inécoutable pour d'autres.
Typiquement l'album à réécouter,au moins pour se faire un nouvel avis,sinon pour le redécouvrir parfois sous un nouveau jour.
Personnellement,il m'est passé au dessus des oreilles à la première écoute,puis j'avais aimé le chant,la voix et puis je l'ai oublié pendant des années.
Et quand je l'ai redécouvert ,c'est la musique qui m'a de nouveau attiré vers cet album.
En 68 ,Van Morrison a 23 ans et déjà un beau CV,au moins avec Them.
Il débute une carrière solo pour le moins tumultueuse avec le producteur Berns du label Bang qui le signe pour deux albums.
Blowin' Your Mind ! avec le connu Brown Eyed Girls (sorti sans son accord ! ) et il clot cette collaboration difficile en refourguant des bandes d'improvisations baclées comme livraison du deuxième album (qui ne sortira que bien des années plus tard en 94),une succession de titre de 2 minutes à peine qu'on peut se dispenser d'écouter.Un beau pied de nez de la part de Morrison en tout cas.
Il va alors signer chez Warner pour ce qui est généralement considéré comme son véritable premier album solo,Astral Weeks.
Morrison avait fait comprendre au producteur qu'il souhaitait rompre avec le style qui l'avait rendu célèbre avec Them et qu'il souhaitait une ambiance jazz pour ce disque.
Sont engagés alors,la crème des musiciens de jazz du coin (Connie Kay,Richard Davis,Jay Berliner...)
Morrison rentre dans le studio avec le parti pris de laisser les musiciens improviser autour d'une ligne générale qu'il leur livre en jouant simplement chaque titre à la guitare au préalable en guise de seule partition.
Morrison choisit d'enregistrer rapidement en quelques heures et laissera le soin à la production d'organiser le tout plus tard en rajoutant des cordes,des cuivres,du clavecin.
On ressent parfaitement la liberté des musiciens dans l'absence totale de structure des chansons,bien loin du classique couplet,refrain....même si il est clair que Morrison savait parfaitement ce qu'il voulait obtenir au final de ses musiciens.
Faut dire qu'ils avaient tous une sacrée carte de visite et une belle expérience de la musique vu avec qui ils avaient tous collaboré auparavant.
Du ménage à faire donc pour réduire les huit titres tels qu'ils apparaissent sur l'album,parfois jusqu'à cinq minutes coupées dans un seul morceau par la production.
Les themes abordés dans les chansons de l'album continuent encore à alimenter des polémiques sur le sens des textes.Je m'en suis toujours un peu battu la tempe personnellement.
Déjà parce que je ne comprends rien à ce qu'il chante et que les textes n'étaient pas retranscrits sur la pochette et puis j'avais vaguement compris à l'époque qu'on était dans la culture celte et ça n'a jamais était ma tasse de whisky.
Faudrait peut-être revoir ça mais ça me fatigue d'avance et ça ne changera pas grand chose à la vision que j'ai de cet album maintenant .
Une pochette avec un Morrison la tête et les cheveux dans un arbre
46 minutes et huit titres sur deux faces.
1. Astral Weeks 2. Beside You 3. Sweet Thing 4. Cyprus Avenue 5. The Way Young Lovers Do 6. Madame George 7. Ballerina 8. Slim Slow Slider
Jay Berliner : guitare
Richard Davis : contrebasse et basse
Connie Kay : batterie
John Payne : flûte et saxo soprano
Warren Smith Jr : percussions et vibraphone
Larry Fallon : clavecin
L'album s'ouvre le titre Astral Weeks,qui met tout de suite volontairement dans le ton de l'album entier.
La voix est caractéristique,les instruments parfaitement à leur place avec cette flûte qui accompagne tout le morceau.
Astral Weeks
Beside You,là encore le chant est important,Morrison étire ses mots ( limite du bélage,c'est vrai).Je retrouve ça chez John Martyn.
L'improvisation se fait bien sentir sur la guitare tout en arpèges, limite flamenco et cette façon de répeter ses paroles...
Beside You
Sweet Things,loin de la tristure du titre précédent,Morisson s'emballe et déchaine ses musiciens
Sweet Things
Cyprus Avenue et son fameux clavecin.
Je ne sais pas qui a eu cette idée,Morrison ou le producteur mais en tout ças,fallait y penser.
Et cette contrebasse !
Cyprus Avenue
The Way Youg Lovers Do,tiens de la trompette au pays des druides !
Limite générique de série américaine !
The Way Youg Lovers Do
Madame George,la fameuse Madame George et toutes les supputations quant à la signification des paroles !
Pas loin de dix minutes pour essayer de trouver le sens caché du texte pour les boutonneux de la boum de l'époque.
Dix minutes pour emballer et avoir le temps de papouiller les filles avant que la lumière se rallume pour les autres.
Madame George
Ballerina et cette voix,ce chant !
Une puissance maitrisée allant crescendo jusqu'à la fin.
De la belle ouvrage,dans le top 3 de l'album.
Ballerina
Slim Slow Slider qui cloture l'album et ces dernières secondes surprenantes percussives et ce saxo qui part en vrille.
On se frotte les yeux,c'est finit,faut se lever pour arreter la platine.
Slim Slow Slider
Alors,c'est vrai,cet album peut enerver.
La voix est souvent trop aigue,crispante même à la limite de la beuglante.
La mélodie est envoutante pour certains,chiante et inexistante pour d'autres.
Mais une sacrée performance vocale pour un album qui date de 1968 ,faut pas l'oublier.
Et puis quelle contrebasse.....
C'est l'interêt de la musique,ne pas être d'accord sur les qualités et les défauts d'un disque.
Sinon,qu'est-ce qu'on s'emmerderait !
big' Bras Gauche
Messages : 18670 Date d'inscription : 18/03/2010 Age : 61 Localisation : South Cambrousse
Sujet: Re: Van Morrison - Astral Weeks (1968) Mar 20 Mar 2012, 17:40
En vl'à de la chronique !
Au moins dix ans que je l'ai pas écouté. C'est l'occasion de se refaire une idée et un avis. De mémoire, j'avais aimé.
lilic Pruneau AOC
Messages : 4696 Date d'inscription : 19/03/2010 Age : 58 Localisation : Agen, nombril du sud-ouest
Sujet: Re: Van Morrison - Astral Weeks (1968) Mar 20 Mar 2012, 18:17
Oui, il est spécial, çui-là, dans le genre "je suis écorché vif et je vous emmerde". A mettre en balance avec Moondance (1970), plus poli.
J'aime assez l'écouter en bagnole, à temps perdu. Une fois tous les deux ans. Et encore, faut que ce soit le bon jour... L'improvisation ne fonctionne pas toujours très bien, y'a des passages "chacun pour sa peau" qui auraient tendance à me fatiguer...
Mais on sent bien qu'il est sincère, le jeune homme, et doué, quand même, et ça sauve bien des approximations
yardbird En mod' Brenneke
Messages : 11533 Date d'inscription : 19/03/2010 Age : 56 Localisation : Nowhere land
Sujet: Re: Van Morrison - Astral Weeks (1968) Mar 20 Mar 2012, 19:29
Je l'avais écouté il y a des années et il m'avait gonflé... Mais gonflé!
Mais je vais le réécouter, je me dis que mon oreille est peut être plus aiguisée ou apprivoisée.
Bref, merci pour la piquouse de rappel, L'anat'. J'écoute et je reviens.
big' Bras Gauche
Messages : 18670 Date d'inscription : 18/03/2010 Age : 61 Localisation : South Cambrousse
Sujet: Re: Van Morrison - Astral Weeks (1968) Mar 20 Mar 2012, 20:37
Vala, j'ai réécouté des bouts. Je vais le remettre dans la ouature pour demain.
Je sais pourquoi j'avais aimé : c'est un peu le même trip jazzy-folk que Tim Buckley même si les sources d'inspiration, la voix et le son global sont très différents. C'est libre en tout cas.
P*tain de disque ! Merci de l'avoir remis dans le juke-box.
L'Anat' Grand Sachem
Messages : 19362 Date d'inscription : 19/03/2010 Age : 61 Localisation : Dans le Cotentin
Sujet: Re: Van Morrison - Astral Weeks (1968) Mar 20 Mar 2012, 20:49
Tim Buckley ,bien sûr.
C'est lui que je cherchais.
Après John Martyn,quand même.
lilic Pruneau AOC
Messages : 4696 Date d'inscription : 19/03/2010 Age : 58 Localisation : Agen, nombril du sud-ouest
Sujet: Re: Van Morrison - Astral Weeks (1968) Mar 20 Mar 2012, 21:17
C'est plutôt bien vu...
Et la comparaison ne tourne pas à l'avantage du Belfast Cowboy
Nowhere Man
Messages : 4775 Date d'inscription : 14/03/2011 Age : 59 Localisation : Exile on Main-hir street
Sujet: Re: Van Morrison - Astral Weeks (1968) Dim 25 Mar 2012, 08:48
A quoi cela sert-il de comparer "Astral Weeks" aux autres folk-singers de l'époque ?
Van Morrison était tout simplement touché par la Grace et ce disque, comme en apesanteur, est Hors-Concours ; il peut charmer tout autant qu'agacer et ce souvent pour les memes raisons.
Tout ici est empreint de Beauté , de l'automnale pochette aux compositions en roue libre musicale ( Ah! ce petit rire sur "Slim Slow Slider" , la montée émotionnelle de "Madame Georges"....
Quant à l'éventuelle inspiration Celtique ("Into the mystic" ?) , ce n'est que bien plus tard qu'elle deviendra évidente voire pesante , quand Morrison , de poète rimbaldien ( "Astral", "Moondance" ) se transformera , l'age aidant, en grognon replet tel un notaire de Balzac , en barde parfois crispant (collaboration avec les Chieftains).
L'Irlande que chante Van Morrison n'est pas repliée sur son vert nombril mais regarde vers les States (déjà les Them...) et "Astral Weeks" qui transcende le genre folk tient la dragée haute à Buckley , Cohen et aurait pu etre l'album introspectif de Dylan post- gamelle en bécane.
Pour finir , il est étonnant que , dans les années 80 , les Waterboys et Dexys Midnight Runners ont remis Van Morrison en lumière en reprenant "Sweet Things" et "Jackie Wilson said" sur un mode celte ce qui ne fera qu'accentuer le malentendu car c'est plus du coté Soul qu'il faut chercher Van The Man.
C'est peut-etre le fils Buckley qui réconciliera tout le monde , sur "Live at Sin-é", avec sa cover du "Way Young Lovers Do" ?
L'Anat' Grand Sachem
Messages : 19362 Date d'inscription : 19/03/2010 Age : 61 Localisation : Dans le Cotentin
Sujet: Re: Van Morrison - Astral Weeks (1968) Mar 27 Mar 2012, 19:41
Nowhere manie très bien la majuscule .
Grace
Hors-Concours
Beauté
Celtique
Pour le reste,c'est du petit lait pour moi.
"de poète rimbaldien ( "Astral", "Moondance" ) se transformera , l'age aidant, en grognon replet tel un notaire de Balzac , en barde parfois crispant... "
Encore,Nowhere !
big' Bras Gauche
Messages : 18670 Date d'inscription : 18/03/2010 Age : 61 Localisation : South Cambrousse
Sujet: Re: Van Morrison - Astral Weeks (1968) Mar 27 Mar 2012, 21:22
Non, il a réduit Tim Buckley à un folk singer. Il peut se taire, il en a déjà trop dit.
lilic Pruneau AOC
Messages : 4696 Date d'inscription : 19/03/2010 Age : 58 Localisation : Agen, nombril du sud-ouest
Sujet: Re: Van Morrison - Astral Weeks (1968) Mar 27 Mar 2012, 21:32
Il peut se taire, il peut se taire... même ça, ça reste à prouver...
big' Bras Gauche
Messages : 18670 Date d'inscription : 18/03/2010 Age : 61 Localisation : South Cambrousse
Sujet: Re: Van Morrison - Astral Weeks (1968) Mer 30 Jan 2013, 08:01
Pour les rétifs au thème astral, y a peut-être une entrée moins abrupte avec Veedon Fleece (1974), une de mes marottes du moment.
Streets of Arklow
You don't pull ...
Nowhere Man
Messages : 4775 Date d'inscription : 14/03/2011 Age : 59 Localisation : Exile on Main-hir street
Sujet: Re: Van Morrison - Astral Weeks (1968) Mer 30 Jan 2013, 13:39
Intéressant big' ton Van immatriculé 74 ! Rarement dans le Rock, terme générique, on aura rencontré un tel personnage aussi délibérement peu séduisant, n'étant pas là pour être admiré. "Qui ne m'aime pas me suive" pourrait être sa devise et sa réputation depuis n'a pas failli : grognon pathologique, parfois infect en interview comme le Lou.
AMHA si j'avais à conseillé un "soft" Morrison ce serait le succèsseur d'"Astral"paru en 70 , "Moodance". Comme si après l'avoir suivi dans l'ascension de sa belle face (Belfast ?) nord, parvenu au sommet il vous invitait à chausser les skis et se laisser glisser vers la vallée en sifflotant.
"Moodance" est dans son genre un album parfait, où Van amoureux quitte sa défroque d'ermite et avec les mêmes ingrédients qu'"Astral" mais retravaillés s'ouvre au public. Dix titres en moins de 40 mn. et rien à jeter, de l'intro Soul "And it stoned me", de la crême fouettée jazzy de la chanson titre, hommage Marvinien "Crazy Love", l'envie d'acheter un camping car "Caravan".....
J'arrête là , tout le reste est à l'avenant, un pur chef-d'oeuvre de musique Américaine par un Irlandais un pied dedans un pied dehors . On pourrait à ce titre le rapprocher du Band qui travaillait sensiblement sur le même métier mais était trop conscient (imbu?) de son importance patrimoniale. Par contre je pense que Springsteen y puisera une belle part de son inspiration et que Dylan était loin d'être sourd ("Blood on the tracks", "Street Legal").
Warner a eu la bonne idée de les unir dans un cheap coffret qui eût mérité digne remasterisation.